2022

Témoignages de professionnel·le·s

Dre Evelyne Aschwanden

Dre Evelyne Aschwanden
Médecin cheffe, Service des urgences
Répondante médicale pour la sécurité des patient·e·s et la qualité clinique

«Aux urgences, l’activité est imprévisible. En cas d’afflux important de patient·e·s, il faut trier et identifier celles et ceux qui nécessitent rapidement des soins, mais il faut aussi répondre aux patient·e·s qui présentent des problématiques moins urgentes, mais qui peuvent se sentir en détresse. Tout va très vite et des erreurs arrivent. Mon travail consiste à décortiquer ce qui a dysfonctionné et à proposer des améliorations. Chaque événement indésirable comporte des éléments pertinents. Quand quelque chose dysfonctionne, cela est très rarement le fait d’une seule personne. Dans la majorité des cas, de nombreuses étapes ont eu lieu en amont… Pour encourager les équipes à déclarer un évènement indésirable, il faut se montrer bienveillants, éviter le jugement. Au final, le but est d’être plus compétent et plus sécurisant pour la sécurité du·de la patient·e. Ce rôle me passionne. À mon sens, la sécurité des patient·e·s sera un des chevaux de bataille en médecine ces prochaines années. Soigner en sécurité est tout aussi important que de disposer de compétences médicales.»

 

Laure Barbiche

Laure Barbiche
Infirmière, Service d’anesthésiologie et des blocs opératoires Coordinatrice auprès de l’Unité sécurité patient·e et qualité clinique

«Mon rôle consiste notamment à aider les services cliniques dans l’organisation des colloques morbidité et mortalité (M&M). L’objectif de ces rencontres est de discuter du problème et des facteurs qui ont favorisé l’événement indésirable ou le presque accident, et de proposer des actions pour éviter sa répétition. Depuis 2021, l’HRC recommande un minimum de quatre colloques par an. Concrètement, j’accompagne les équipes dans le choix du sujet, la préparation et la méthodologie. Mon aide est appréciée. Il y a de la confiance et de la bienveillance. Toute l’institution développe ces valeurs de sécurité. On ne recherche plus qui est à l’origine du problème, mais les solutions pour éviter leur répétition. Avant, on avait honte, on cachait ses erreurs, il pouvait y avoir des dénonciations… Cet esprit de compétition n’a plus sa place à l’hôpital. Notre but est de permettre aux gens d’oser parler de ce qui est arrivé ou aurait pu arriver. Le jour où les gens parleront des enjeux de sécurité et de leurs erreurs en buvant un café à la pause, on aura gagné!»

 

Dr Mathieu Firmann

Dr Mathieu Firmann
Médecin adjoint, Service de médecine
Président de l’Unité sécurité des patient·e·s et la qualité clinique

«La vision de l’Unité sécurité patient·e et qualité clinique est d’offrir des soins sûrs, efficaces, intégrés et qui considèrent le·la patient·e sur un pied d’égalité. Chaque professionnel·le veut prodiguer les meilleurs soins possibles et, quand on les interroge, chacun estime travailler avec qualité et sécurité. Mais pour en être véritablement convaincu·e, il faut se comparer aux autres et regarder comment les meilleur·e·s travaillent. La mission de notre Unité est donc de transmettre des recommandations, des indicateurs et des informations à jour. L’objectif est de permettre aux clinicien·ne·s de questionner leur pratique et, au besoin, de la modifier dans la bonne direction. Un hôpital dispose d’une foule d’indicateurs, mais s’ils sont déconnectés de la réalité du terrain, les professionnel·le·s ne vont rien en faire. Il y a un gros travail de séduction à fournir pour intéresser les collaborateur·trice·s à ces enjeux. Fort de mon activité de médecin au sein du Service de médecine, j’apporte une légitimité clinique à la démarche sécurité et qualité des soins.»

Sophie Grandchamp

Sophie Grandchamp
Pharmacienne clinicienne, PHEL
Présidente de la Commission interne de pharmacovigilance

«En tant que présidente de la Commission de pharmacovigilance, je suis les incidents médicamenteux de l’HRC. Notre commission, qui réunit des représentant·e·s des services, prend connaissance et analyse tous les incidents documentés. Malheureusement, seule une partie est déclarée, par peur ou manque de temps. Pour changer cela, nous travaillons sur la culture de l’erreur. Commettre une erreur peut arriver à tout le monde. C’est humain. Notre action ne se veut aucunement jugeante. Notre but est d’améliorer le système; seuls le contexte et la situation nous importent. 75% des incidents arrivent au moment de la préparation ou de l’administration du médicament. Le plus souvent, il y a une confusion de médicaments, de patient·e ou un mauvais dosage. Notre rôle est de faire des propositions d’amélioration pour diminuer ces risques. Pour encourager les déclarations, il faut sensibiliser les équipes. Déclarer fait partie du métier. Je trouve que l’erreur est de moins en moins tabou.»